Découvrez l'interview d'Eric Bleines, directeur général de Swiss Life Gestion Privée

Les marchés financiers ont sensiblement progressé au mois de juillet. Comment expliquez-vous cette performance ?

Après un premier semestre très difficile, comme en témoigne notamment la baisse du CAC 40 de 8,4 % au mois de juin, les marchés ont enregistré un impressionnant rebond le mois dernier. Depuis le 5 juillet, l’indice parisien gagne 11,7 %. Aux États-Unis, le Nasdaq a, lui aussi, progressé de près de 11,9 %. D’autres classes d’actifs risqués en ont également bénéficié, à l’image des obligations à haut rendement. Ce fort rebond est lié à deux facteurs. Tout d’abord, le président de la Fed a modéré son discours concernant le resserrement de la politique monétaire, laissant entendre que le conseil sera avant tout guidé par les statistiques macroéconomiques. Or les marchés se disent que l’inflation, aidée par la baisse des prix du pétrole, a peut-être atteint un pic outre-Atlantique. Cette perspective couplée au ton plus accommodant de la Fed, a permis de pondérer la nervosité des investisseurs. D’autant que les résultats des entreprises ont été bien meilleurs qu’attendu. C’est le second facteur qui a soutenu les marchés en juillet.

 

Eric Bleines
Les résultats des entreprises ont été bien meilleurs qu’attendu en juillet

Quelles entreprises ont été plus précisément concernées par ces bonnes publications ?

Les résultats semestriels des entreprises européennes ont été très positifs, malgré les confinements en Chine, les ruptures d’approvisionnement et le ralentissement économique. Elles sont ainsi nombreuses à avoir relevé leurs objectifs annuels. Beaucoup de secteurs sont concernés, l’énergie bien sûr (TotalEnergies), mais aussi le luxe (LVMH, Hermès), les spiritueux (Pernod Ricard), les équipements électriques (Schneider Electric), l’automobile (Stellantis), ou encore les financières (BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, Axa). Aux États-Unis, le bilan est plus mitigé. Les GAFAM – hors Meta (Facebook) – ont rassuré les marchés, mais le secteur de la distribution ou de la construction ont été moins positifs.

Partagez-vous cet optimisme des marchés ?

Nous restons dans un environnement très volatil. La hausse des taux courts n’est pas terminée : il faut sortir de ces politiques de l’argent gratuit et cela continuera de susciter de l’anxiété sur les marchés. L’inflation va également rester présente, en particulier en Europe où la dynamique sur l’énergie est toujours très prégnante avec la menace de coupure de l’approvisionnement en gaz par la Russie. C’est un risque bien identifié et des mesures préventives sont prises, mais aucun scénario ne peut être exclu. Enfin, la consommation des ménages va vraisemblablement baisser. Il y a donc matière à rester prudent. Début juillet, nous avions renforcé nos expositions aux actions américaines en allégeant les pays émergents. Dans un contexte de resserrement monétaire, ces derniers souffrent en effet de leur endettement en dollars.

Que retenez-vous des annonces de la BCE en juillet ?

La BCE est sortie, comme prévu, de sa politique de taux négatifs, en passant son taux de dépôt à 0 %. Une nouvelle hausse des taux devrait intervenir en septembre, mais aucune indication n’a été donnée sur son ampleur : la BCE devient plus pragmatique. Elle a également mis fin à son programme de quantitative easing, tout en se donnant plus de flexibilité pour réinvestir les titres déjà détenus. Ces réinvestissements se feront au profit de pays dont les primes de risque augmentent (Italie, Espagne, Grèce). De même, pour lutter contre le risque de fragmentation de la zone euro, elle a introduit un nouvel outil, le TPI (« instrument de protection de la transmission »), qui lui permettra d’intervenir, à sa main, en cas de crise grave de la dette d’un des États membres. Rappelons qu’en juillet, l’Italie a vu son spread avec l’Allemagne s’écarter de manière importante après la démission de la coalition de Mario Draghi.

Article achevé de rédiger le 4 août 2022

Document non contractuel. Les avis et opinions ici exprimés sont ceux de Swiss Life Gestion Privée à la date de diffusion et sont susceptibles d’évoluer dans le temps. Ils ne constituent pas une recommandation ou un conseil en investissement. Nous rappelons que les investissements sur les marchés financiers représentent des risques pouvant entrainer des pertes financières.