Découvrez l'interview de Mary-Sol Michel, Directrice de la gestion sous mandat chez Swiss Life Gestion Privée
Comment ont évolué les marchés pendant la période estivale ?
Entre début juillet et fin août, les principaux indices, à l’exception notable de la Chine, ont légèrement progressé, de l’ordre de 2 %. Mais cette légère hausse cache une réalité très contrastée. Sur les six premières
semaines de l’été, les marchés ont connu un important rallye, marquant un fort rebond après les mauvaises performances de juin : les indices ont gagné entre 10 et 20 %, dont 13 % pour le CAC 40. Ils ont ensuite brutalement rechuté fin août.
Comment expliquez-vous un tel retournement ?
Le rebond du début de l’été était lié à plusieurs facteurs. Tout d’abord, les publications de résultats des entreprises pour le deuxième trimestre ont été très bonnes, en particulier en Europe où les sociétés exportatrices ont profité de la baisse de l’euro depuis le début de l’année. Ensuite, les cours des matières premières, qu’elles soient industrielles, agricoles ou même énergétiques (hors gaz), avaient reflué, ce qui laissait espérer une stabilisation de l’inflation. De fait, cette dernière a fléchi aux États-Unis, à 8,5 % en juillet contre 9,1 % en juin. Enfin, les taux longs s’étaient détendus, ce qui avait profité au marché actions. C’est le changement de ton des banques centrales, et en particulier le discours très restrictif du Président de la Fed à Jackson Hole qui a provoqué le retournement, avec une hausse brutale des taux longs et une forte rechute des Bourses. Les marchés ont compris que la lutte contre l’inflation resterait la priorité des banquiers centraux et qu’elle s’inscrirait dans la durée, même au prix d’un fort ralentissement économique.
Quel positionnement adoptez-vous dans ce marché chahuté ?
Nous conservons un biais prudent à ce stade. Nous considérons en effet que les entreprises évoluent dans un environnement compliqué, marqué par la crise énergétique, l’inflation, le durcissement des politiques monétaires et le ralentissement économique, que l’on perçoit d’ailleurs déjà aux États-Unis. Les risques géopolitiques sont également nombreux, qu’ils viennent d’Ukraine, de Taïwan ou d’Italie. Sur les marchés, les valorisations ont baissé mais elles restent encore proches de leur moyenne historique. Les prévisions de bénéfices sont toujours trop élevées par rapport aux perspectives économiques. En Europe en particulier, les analystes attendent qu’ils progressent de 14 % sur 2022, ce qui est beaucoup trop optimiste. Sur un plan technique, si les marchés ont certes baissé, ils n’ont pas encore capitulé : il faudra attendre un épisode de fort décrochage avant d’envisager un rebond. À moyen terme toutefois, nous restons constructifs : l’inflation pourrait commencer à se stabiliser avec les efforts européens pour atténuer les hausses du prix de l’électricité et les corrections récentes montrent que les marchés commencent à bien intégrer les mauvaises nouvelles. Nous ne sommes, par exemple, plus très loin du seuil de 5 800 points pour le CAC 40 qui constitue pour nous, dans les conditions actuelles, un premier point d’entrée.
Article achevé de rédiger le 9 septembre 2022
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