Découvrez l'interview de Mary-Sol Michel, Directrice de la gestion sous mandat chez Swiss Life Gestion Privée.

Après un mois de septembre en fort repli, comment ont évolué les marchés en octobre ?

Les marchés ont signé un beau rebond le mois dernier, en particulier en Europe avec une progression de 8,8 % du CAC 40 par exemple. C’est essentiellement le rebond de la « vieille économie », comme l’illustre la hausse record du Dow Jones de 14 %, alors que les valeurs technologiques et de croissance continuent d’être pénalisées par la hausse des taux. Seule la Chine reste en retrait : les investisseurs ont été déçus par le 20ème congrès du parti communiste chinois qui a montré la primauté du politique sur l’économie.

Comment expliquez-vous le rebond des Bourses occidentales ?

Il vient tout d’abord corriger la baisse excessive de septembre. Il profite en outre de la stabilisation des marchés obligataires suite au changement de gouvernement au Royaume-Uni. Comme cet été, il s’est également nourri de l’espoir que les banques centrales deviennent moins sévères dans leur lutte contre l’inflation. On constate en effet une certaine modération de la crise énergétique par rapport à septembre. Grâce à une météo très douce et une demande chinoise en retrait, les gouvernements européens ont réussi à remplir leurs réserves de gaz au-delà de leurs attentes : il n’y a plus de risque de pénurie pour cet hiver. Ainsi, les prix du gaz ont été divisés par trois par rapport à leur pic de fin août. Enfin, les publications des entreprises ont été plutôt favorables, surtout en Europe. Le ratio de surprises positives est toujours supérieur à sa moyenne historique pour ce qui est du chiffre d’affaires, mais on commence à percevoir une forme de normalisation en ce qui concerne les bénéfices.

Mary-Sol_Michel
Le ratio de surprises positives est toujours supérieur à sa moyenne historique pour ce qui est du chiffre d’affaires

Ce rebond est-il durable ?

Les deux conditions qui rendraient ce rebond durable ne sont toujours pas réunies. Il faudrait tout d’abord que l’inflation ralentisse réellement. Or elle continue de progresser en Europe et ne ralentit pas de manière homogène aux Etats-Unis : les prix des matières premières et des biens refluent mais pas ceux des services ni les salaires. Un tel niveau d’inflation ne se corrige pas en quelques mois : il faut laisser aux politiques monétaires le temps d’agir. Ensuite, il faudrait que les prévisions de croissance des bénéfices des entreprises s’ajustent à des niveaux réalistes. Or elles sont toujours trop optimistes. En zone euro les analystes tablent sur des bénéfices en hausse de 16% pour 2022 et de 3 % supplémentaires en 2023, alors que le PIB est attendu en recul de 0,10 % l’année prochaine. Une partie de cet ajustement est déjà dans les cours, mais on observe que les sociétés sont durement sanctionnées en bourse en cas de déception lors des publications ou d’avertissement sur les bénéfices de la part des managements.

Article achevé de rédiger le 4 novembre 2022

Document non contractuel. Les avis et opinions ici exprimés sont ceux de Swiss Life Gestion Privée à la date de diffusion et sont susceptibles d’évoluer dans le temps. Ils ne constituent pas une recommandation ou un conseil en investissement. Nous rappelons que les investissements sur les marchés financiers représentent des risques pouvant entrainer des pertes financières.