Retrouvez l'interview de Mary-Sol Michel, directrice de la gestion sous mandat chez Swiss Life Gestion Privée.
Comment a évolué l’environnement de marché ces dernières semaines ?
Les marchés sont chahutés depuis le début d’année : après avoir chuté au début de la guerre en Ukraine, ils ont fortement rebondi en mars, puis à nouveau baissé en avril. Sur le mois passé, le CAC 40 a par exemple perdu 2 %. Le repli est même plus fort aux Etats-Unis, avec des baisses de 9 % pour le S&P 500 et de 13 % pour le Nasdaq.
Quatre éléments ont été particulièrement pénalisants sur la période. Tout d’abord, les perspectives de croissance mondiale ont continué d’être révisées en baisse par le consensus des économistes. Les révisions les plus fortes touchent la zone euro et les Etats-Unis, dont la croissance pour 2022 est attendue à seulement 2,8 % et 3,2 % respectivement. L’environnement de taux joue également négativement. En avril, face au choc inflationniste, la Fed a sensiblement durci son discours, laissant entrevoir une hausse de 250 points de base (2.50%) de son taux directeur sur l’année et une réduction de son bilan (« Quantitative Tightening ») de 95 milliards d’euros par mois. Le resserrement monétaire américain se ferait donc à un rythme beaucoup plus rapide que celui mené au cours des années 2017 et 2018. Dans ce contexte, les taux longs ont significativement rebondi aux Etats-Unis comme en Europe, le rendement des Treasuries US à 10 ans atteignant les 3% en fin de mois. En parallèle, les tensions persistent sur le plan géopolitique : l’idée d’une sortie rapide du conflit ukrainien est désormais abandonnée et un nouveau train de sanctions contre la Russie vient d’être acté par l’Union Européenne. Enfin, la situation sanitaire s’est dégradée en Chine, avec le confinement de Shanghai et une menace similaire qui pèse sur Pékin.
Cet environnement a-t-il eu un impact sur les résultats des entreprises ?
La saison de publication des résultats pour le premier trimestre vient de démarrer et on constate, des deux côtés de l’Atlantique, une majorité de surprises positives, à la fois sur les chiffres d’affaires et sur les bénéfices. Les marchés n’ont pourtant pas particulièrement salué ces chiffres, car ces résultats se sont
souvent accompagnés de déclarations prudentes du management des entreprises quant à leurs perspectives annuelles. La hausse des coûts (énergie, matières premières, salaires) et les difficultés chinoises devraient en effet peser sur le reste de l’année.
Quelles conséquences en tirez-vous au niveau des portefeuilles gérés par Swiss Life Gestion Privée ?
En début d’année et au moment du rebond de mars, nous avions profité des hauts niveaux de valorisation des actions pour alléger nos positions.
En avril, nous avons conservé un biais prudent. Nous pensons que les marchés peuvent encore subir une baisse avant de repartir sur des bases plus saines. Des opportunités commencent néanmoins à apparaître, en particulier sur les actions américaines. D’une manière générale, les marchés risquent d’être affectés par
le retrait des liquidités opéré par les banques centrales à un moment où la croissance ralentit. Nous devons donc adopter des approches plus défensives. Plus structurellement, nous privilégions les entreprises qui présentent une bonne visibilité et des valorisations raisonnables, un critère indispensable en période de hausse de taux. C’est le cas de valeurs dans les gaz industriels (Air Liquide), la santé (Sanofi, Essilor), ou les services aux entreprises (Téléperformance). La transition énergétique occupe également une place croissante dans nos portefeuilles, avec des valeurs comme Schneider Electric, Saint-Gobain, GTT ou encore Subsea 7 que nous venons d’intégrer. Enfin, nous continuons de croire à la thématique de la digitalisation, tout en restant, là aussi, très attentifs aux valorisations. Nous apprécions des valeurs comme Microsoft, ASML, Alphabet (Google) ou Capgemini, qui viennent en outre d’offrir de belles publications. Amazon en revanche n’a pas convaincu. Nous considérons que la baisse du titre est exagérée. N’oublions pas que le groupe, au travers d’AWS, est le numéro 1 mondial du cloud, activité hautement rentable et en croissance de 37% sur le trimestre.
Article achevé de rédiger le 5 mai 2022
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