En remontant les taux d’intérêt, les banques centrales ont mis fin à une décennie noire pour les marchés obligataires. Face à des perspectives plus prometteuses mais encore volatiles, les gérants obligataires adaptent leur stratégie. Décryptage.

Tombées en désuétude pendant la période de taux bas et négatifs des années 2010, les stratégies de portage retrouvent une certaine attractivité auprès des investisseurs. Avec cette approche, les gérants achètent des obligations affichant une forte décote et les gardent en portefeuille. Pour Nicolas Saulnier, gérant obligataire au sein de la société de gestion de Swiss Life Banque Privée, son intérêt principal est de mitiger certains risques, « en investissant sur des obligations privées et en les gardant jusqu’à maturité, on s’immunise contre la volatilité des taux ». Seule subsiste l’hypothèse d’une défaillance d'un ou plusieurs émetteurs. 

Gagner en visibilité

À l’origine du portage réside un problème simple. Lorsque les taux d'intérêt augmentent, la valeur des obligations existantes diminue et les nouvelles obligations émises offrent un coupon par comparaison plus élevé. C’est la dynamique qui en 2022 a affecté le marché obligataire, année pendant laquelle l’indice S&P des dettes souveraines de la zone euro a terminé en baisse de -18 %. Bien que la hausse des taux se poursuit en 2023, les perspectives s’améliorent. « On dispose de plus de visibilité sur le taux terminal des banques centrales, donc cela limite la volatilité », estime Nicolas Saulnier. Reflet de l’optimisme ambiant, le CAC40 a pris 9,4% sur le seul mois de janvier 2023 ; un record historique. 

Mais la prudence sera de mise car, en dépit du ralentissement de l’inflation, des doutes persistent quant à la date d’apogée des taux. « Certains imaginent un sommet vers le milieu d’année puis, rapidement après, une baisse ; nous pensons, au contraire, que les banques centrales vont tenir leur plateau pendant quelques temps », estime Nicolas Saulnier. 

Un contexte porteur sous certaines conditions

Qu’il s’agisse du segment high yield « à haut rendement » ou des obligations hybrides émises par des émetteurs plus sûrs mais remboursables avant terme, ces obligations ont le vent en poupe. Dans le secteur de la santé, des télécoms, de l’énergie, les opportunités affleurent et le rendement est « de l’ordre 5 à 8% pour le high yield », observe le gérant.

Reste que le défaut de paiement et les écarts de crédits font toujours partie des risques à pondérer. Ils seront au même titre que le rendement des obligations des paramètres à surveiller en 2023. 

Le principal obstacle au paiement à maturité des obligations est la défaillance de l’entreprise. Si cette possibilité conditionne en grande partie la valeur du coupon, certaines entreprises notamment dans le segment high yield présentent, en raison de leur endettement plus élevé, un risque accru. Tout dépend alors de la capacité de l’investisseur à évaluer le risque même si « en faisant une bonne étude crédit, il est possible de sélectionner des émetteurs offrant des taux de rendement très supérieurs tout en restant relativement sûrs », estime Nicolas Saulnier.

Sans constituer un risque à part entière, l’échéance de remboursement de l’obligation est un autre facteur majeur à prendre en compte dans une stratégie de portage. « On a une prise de risque plus élevée et pas pour un rendement significativement plus élevé, estime Nicolas Saulnier. Il faut être très sélectif sur ces investissements... »  

2023 pourrait offrir de belles opportunités pour les investisseurs soucieux d’obtenir, à travers une stratégie de portage, une visibilité accrue sur le rendement de leurs placements obligataires. À condition bien sûr de diversifier son risque et de rappeler qu’en dépit de sa faculté à neutraliser le risque de taux, cette stratégie n’est pas adaptée à toutes les obligations. 

Cet article est à vocation purement informative et ne constitue nullement un conseil en investissement, une proposition ou une offre de souscription de titres financiers ou de service. Les analyses présentées peuvent évoluer en fonction de la conjoncture et des avis de Swiss Life Gestion Privée. Nous rappelons que les investissements sur les marchés financiers représentent des risques pouvant entrainer des pertes financières. Les performances passées ne préjugent en rien des performances futures.