Les évaluations des analystes : une boussole pour les investisseurs

Les analystes financiers sont une typologie d'acteurs dédiés à une question complexe : celle de l’évaluation des entreprises cotées. Mais en quoi consiste leur métier ? « Les analystes donnent un avis d’expert sur un titre et cette évaluation permet ensuite d’orienter la décision des investisseurs », résume Eric Bleines, Directeur général adjoint chez Swiss Life Gestion Privée. Un métier pointu dont les compétences sont souvent validées par un diplôme, comme celui de la SFAF (Société Française des Analystes Financiers) ou celui, plus international, de l’Institut CFA (Chartered Financial Analyst).

Un objectif, plusieurs méthodes

Pour produire leur évaluation, les analystes peuvent tout d’abord procéder par comparaison : ils examinent comment sont valorisés les concurrents de l’entreprise et identifient leurs points communs et leurs divergences. Mais les analystes forgent surtout leur jugement sur l'étude des fondamentaux de l'entreprise elle-même : ses résultats financiers (chiffre d’affaires, marge…), son bilan, sa position concurrentielle, ses perspectives de développement, la qualité de son management, sa capacité à rémunérer l’actionnaire via des dividendes… Ils déduisent de cette étude une évolution probable des bénéfices que dégagera la société, généralement sur une période de cinq ans.

Pour tenir compte de la valeur temporelle de l’argent (100 euros demain valent moins que 100 euros aujourd’hui), ils appliquent ensuite à ces profits à venir un « taux d’actualisation ». « Ce taux, qui équivaut à celui des emprunts d’État auquel on ajoute une prime de risque, sert à calculer la valeur aujourd’hui des bénéfices qui seront accumulés dans le futur par l’entreprise », précise Eric Bleines. Une technique en particulier appliquée aux secteurs en forte croissance, comme la tech. Pour les entreprises qui disposent d'un stock d'actifs réels importants à leur bilan (dans l’immobilier, la finance, les spiritueux…), les analystes peuvent aussi fonder leur évaluation sur la valeur du patrimoine détenu. Une technique de valorisation appréciée des gestions dites « Value » par opposition à celle basée sur l'actualisation des flux futurs, plus souvent utilisée par les gestionnaires dits « Growth ».

Les investisseurs sont à l’écoute des évaluations ainsi établies par les analystes, leur moyenne constituant ce que l’on appelle le « consensus ». Ces chiffrages peuvent donc avoir un impact notable sur le cours de Bourse de l’entreprise concernée. Pour la direction financière de cette dernière, il est important que les analystes aient une vision fiable de l’activité de la société et de son environnement. « Si le marché prend connaissance d’une information qui ne correspond pas à celles remontées aux analystes et reflétées par le consensus, il peut y avoir un effet de "surprise", positif ou négatif, qui conduit à un décalage potentiellement violent des cours, ce que les entreprises n’apprécient pas », décrit Eric Bleines. Un manque de visibilité sur l’avenir ou une communication défaillante de l’entreprise par le passé peuvent en outre conduire les analystes à avoir des avis relativement divergents sur le même titre. Une dispersion qu’il peut être intéressant, pour un investisseur, d’étudier, au-delà la seule moyenne.

Les limites de l’analyse fondamentale

Le travail de l’analyste est une source d’information majeure pour les investisseurs… à condition d’avoir conscience de certaines de ses limites. Tout d’abord, des conflits d’intérêt peuvent, dans une certaine mesure, biaiser les évaluations. Les analystes peuvent par exemple subir une pression des entreprises. Le cas des petites et moyennes capitalisations est, à cet égard, sensible : la réglementation MIF 2, entrée en vigueur en 2018, a profondément modifié le mode de financement du travail des analystes, forçant ces derniers à se faire rémunérer par l’entreprise elle-même : on parle de « recherche sponsorisée ». Même si une charte de bonnes pratiques existe, la prudence reste de mise. En outre, lorsque l’analyste est employé par une institution financière qui fournit des conseils aux entreprises pour leurs opérations boursières (analystes dits « sell side »), des conflits d’intérêt peuvent également apparaître. D’où l’importance d’avoir aussi recours à des analystes « buy side », rattachés aux investisseurs eux-mêmes, par exemple au sein des sociétés de gestion.

Enfin, l’impact des évaluations des analystes sur le cours de Bourse doit être relativisé. Elles donnent ainsi essentiellement une indication à moyen ou à long terme.  À court terme, d’autres facteurs entrent en ligne de compte, à commencer par les réactions « émotionnelles » du marché, davantage captées par l’analyse dite « technique ». « C’est aussi le développement de la gestion passive qui tend à réduire l’influence de l’analyse fondamentale, complète Eric Bleines. La variation de la composition des indices de marché est ainsi devenue un facteur important de variation des cours. »

Face à cette complexité, les investisseurs particuliers ont donc tout intérêt à se tourner vers des experts de la gestion pour piloter leur portefeuille.

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