Découvrez l'interview de Mary-Sol Michel, directrice de la gestion sous mandat chez Swiss Life Gestion Privée.
Comment se comportent les Bourses depuis le début de l’année ?
La tendance haussière qui était à l’œuvre fin 2023 se poursuit début 2024. Des deux côtés de l’Atlantique, les marchés actions sont en progression en janvier pour le troisième mois consécutif. L’indice EuroStoxx 50 gagne 2,8 %, le CAC 40 1,5 % et le S&P 500 1,6 %. Ce dernier reste très concentré sur une poignée de valeurs technologiques, les « sept magnifiques » : Alphabet (Google), Amazon, Meta (Facebook), Apple, Microsoft, Nvdia et Tesla représentent 29 % de l’indice américain. En ce début d’année toutefois, Tesla dénote avec une baisse de 22 % en Bourse, sur fond de guerre des prix avec les acteurs chinois sur le marché des véhicules électriques. De son côté, la Bourse chinoise continue de sous-performer (-6,3 %), les investisseurs doutant de la capacité de l’économie à résister au dégonflement de la bulle immobilière.
Quels sont les facteurs qui soutiennent les marchés actions européens et américains ?
Ce sont tout d’abord les bonnes nouvelles sur le plan macroéconomique qui expliquent ces performances. Les États-Unis apparaissent de plus en plus comme le maillon fort de la croissance mondiale. Le PIB américain a progressé de 3,3 % en rythme annualisé au quatrième trimestre, contre 2 % attendus. Sur l’ensemble de l’année dernière, la croissance a atteint 2,4 %, très loin de la récession envisagée début 2023. La consommation est dynamique, soutenue par un marché de l’emploi solide. En Europe au contraire, la croissance reste faible : en 2023, elle plafonne à 0,5 %. Des deux côtés de l’Atlantique, les indicateurs avancés s’améliorent, mais à la différence des États-Unis, ils continuent de témoigner d’une contraction de l’activité en Europe. Ce découplage entre l’Europe et les États-Unis se constate également au niveau microéconomique. Aux États-Unis, où la moitié des entreprises ont publié leurs résultats, 80 % d’entre elles ont battu les attentes des investisseurs pour le quatrième trimestre, souvent de manière très large. En Europe, où la saison vient tout juste de s’ouvrir, les publications sont simplement en ligne avec les attentes.
Ce dynamisme de l’économie américaine est-il de nature à inquiéter les investisseurs obligataires ?
Les marchés obligataires ont effectivement perdu du terrain depuis le début d’année. Les taux longs sont repartis à la hausse : le rendement de la dette française à 10 ans, par exemple, est passé de 2,55 % fin décembre à 2,85 % aujourd’hui. Les statistiques macroéconomiques américaines montrent en effet que les autorités monétaires peinent à faire ralentir l’économie. Elles ont réussi à faire refluer l’inflation vers le niveau de 3 %, mais la dernière marche pour atteindre la cible de 2 % s’avère plus dure à franchir. S’il n’y a pas de doute que la baisse des taux va s’enclencher, ce mouvement pourrait intervenir plus tardivement et être de plus faible ampleur qu’anticipé. Avec désormais cinq hausses de taux attendues pour 2024 aux États-Unis, le consensus du marché nous semble encore trop optimiste.
Interview de Mary-Sol Michel, directrice de la gestion sous mandat. Achevé de rédiger le 12 février 2024.
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