Découvrez l'interview de Mary-Sol Michel, Directrice de la gestion sous mandat de Swiss Life Gestion Privée.
Les marchés financiers ont connu une rentrée assez mouvementée, suivi d'un remarquable rebond.
Comment ont évolué les marchés financiers le mois dernier ?
Ils ont déjoué les statistiques de saisonnalité qui veulent que septembre soit habituellement le deuxième plus mauvais mois de l’année, après juin. Les actions américaines en ont bien profité avec une hausse de 2 % pour le S&P 500 et de 2,7 % pour le Nasdaq, contre 0,9 % pour l’Euro Stoxx 50. La Chine signe un rebond très spectaculaire, avec une progression de 21 % du CSI 300. Le marché obligataire a également continué de bien progresser, en particulier le segment de la dette souveraine qui surperforme (+1,3 %) : dans un contexte de ralentissement de l’économie américaine, de poursuite de la baisse de l’inflation et d’accroissement des tensions géopolitiques au Proche-Orient.
Les actions françaises sont restées à l’écart de cet élan puisque le CAC 40 a stagné. Quant à la dette souveraine, elle n’a pas réagi à la nomination de Michel Barnier comme Premier ministre : l’écart de taux avec la dette allemande est resté stable autour de 80 points de base (0,80 %). La dégradation des finances publiques pénalise toujours fortement notre pays de sorte que le taux auquel emprunte la France à 10 ans est désormais supérieur à celui du Portugal et comparable à celui de l’Espagne.
Comment expliquez-vous la bonne performance des actions américaines ?
Tout d’abord, les statistiques macroéconomiques des Etats-Unis se sont améliorées en septembre par rapport à cet été. Ainsi, le niveau des créations d’emplois s’est révélé bien meilleur qu’attendu. Surtout, le président de la Fed a décidé de frapper fort, en initiant l’inflexion de sa politique monétaire par une baisse des taux directeurs de 50 points de base, quand le marché en attendait 25. De meilleures statistiques macroéconomiques conjuguées à l’action déterminée de la FED nous permettent de dire que le spectre de la récession est définitivement enterré aux Etats-Unis. Il n’en va pas de même en Europe, pénalisée par les difficultés de ses deux moteurs que sont l’Allemagne – qui s’enfonce dans la récession industrielle – et la France. Ainsi, les bénéfices des entreprises américaines sont attendus en hausse de 10 % pour 2024, alors qu’ils ne devraient pas progresser de plus de 3 % en Europe.
L’impressionnant rebond chinois vous semble-t-il, quant à lui, durable ?
Après trois années de sous-performance, le marché chinois était peu cher. Les investisseurs attendaient depuis longtemps des mesures de relance des autorités. Ils ont donc salué celles annoncées fin septembre. Elles comprennent trois volets : une réduction des taux de réserves obligatoires pour les banques de 50 points de base, une recapitalisation de six banques commerciales en difficulté et plusieurs dispositifs de soutien au marché immobilier. Ces mesures devraient permettre d’atteindre la cible des 5 % de croissance en 2025 mais demeurent insuffisantes pour répondre aux problèmes structurels de l’économie chinoise. En particulier, les mesures de relance budgétaire demandent à être précisées. A ce stade, nous restons donc circonspects sur ce rebond qui nous parait disproportionné.
Les élections américaines sont dans un peu moins d’un mois. Quels sont les scénarios pour les marchés ?
Il est difficile de faire des pronostics : les sondages sont serrés et ce seront encore une fois les Etats clés – les « swing states » – qui feront la différence. Si Kamala Harris l’emporte, la consommation devrait être soutenue, la guerre commerciale s’apaiser, mais les impôts risquent d’augmenter. Si Donald Trump gagne, la fiscalité ne devrait pas être un problème mais la lutte contre l’immigration devrait pousser les salaires moyens à la hausse, tandis que la guerre commerciale réactivée pourrait relancer l’inflation, ce qui aurait un impact sur les taux longs. L’Europe, prise en étau entre les Etats-Unis et la Chine, pâtirait de la situation.
Interview de Marys-Sol Michel, directrice de la gestion sous mandat de Swiss Life Gestion Privée. Achevé de rédiger le 10 octobre 2024.
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