Découvrez l'interview de Mary-Sol Michel, directrice de la gestion sous mandat chez Swiss Life Gestion Privée.

Comment ont évolué les marchés boursiers en novembre ? 

Ils ont fait le grand écart. Les indices américains ont bondi de 5,7 % pour le S&P 500 et de 6,2 % pour le Nasdaq, tandis que les marchés européens perdaient 0,5 % pour l’Euro Stoxx 50 et 1,6 % pour le CAC 40. A ces performances exprimées en devise locale, il faut ajouter un effet de change très favorable aux actifs en dollars, qui pousse la performance du S&P 500 à 8,5 % sur le mois pour les investisseurs en euros. Ces écarts sont le reflet des événements politiques de ces dernières semaines. Aux Etats-Unis, une victoire de Donald Trump avait été anticipée par les marchés, mais pas un tel raz-de-marée. Certains redoutaient une période de flottement, avec une potentielle contestation des résultats : le soulagement a donc été fortement salué par la Bourse. L’Europe, pendant ce temps-là, s’est enfoncée dans les crises politiques. En Allemagne, la coalition autour du chancelier Olaf Scholz a implosé début novembre, conduisant à des élections législatives anticipées en février. S’y ajoute la crise française, avec la censure du gouvernement de Michel Barnier. Cette absence de visibilité a pesé sur les actions de la zone euro, et de la France en particulier. 

Le CAC 40 a pourtant peu réagi au lendemain du vote de la motion de censure ?

Il a légèrement progressé en effet, tandis que l’écart de taux entre la France et l’Allemagne s’est resserré d’une dizaine de points de base. Le résultat du vote n’a pas surpris les investisseurs, qui avaient de toute manière déjà largement allégé leurs positions depuis la dissolution. Les marchés ont également intégré une disposition de la constitution selon laquelle l’absence de budget pour 2025 conduit à la reconduction du budget 2024 et ceci sans les revalorisations liées à l’inflation. Cela le rend un peu plus restrictif, ce qui va naturellement dans le bon sens.

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La sous-performance massive de l’Europe ne se limite pas au mois de novembre. Depuis le début d’année, le S&P 500 progresse de plus de 30 % en euros, contre 6 % pour l’Euro Stoxx 50 et -4 % pour le CAC 40.

Au-delà des aspects politiques, d’autres facteurs ont-ils pesé en défaveur des marchés européens ?

La sous-performance massive de l’Europe ne se limite pas au mois de novembre. Depuis le début d’année, le S&P 500 progresse de plus de 30 % en euros, contre 6 % pour l’Euro Stoxx 50 et -4 % pour le CAC 40. Ce différentiel s’explique tout d’abord par des facteurs macroéconomiques : la croissance américaine pour 2024 a été révisée à la hausse, à 2,7 %, tandis que le PIB de la zone euro est toujours attendu à + 0,8 %, avec des prévisions abaissées pour 2025. Sur le plan microéconomique de plus, l’écart est flagrant : en 2024, les bénéfices devraient progresser de 10 % environ outre-Atlantique, contre 1 % en zone euro. Certes, le consensus fait encore état d’un rebond de la croissance bénéficiaire à 9 % pour les entreprises européennes en 2025 (contre 14 % aux Etats-Unis), mais c’est une prévision qui nous semble bien trop optimiste. La perspective d’une resynchronisation des deux économies s’éloigne. Si l’on ajoute le contexte géopolitique qui met l’Europe en premier ligne avec le conflit ukrainien, on comprend pourquoi les Bourses du Vieux continent sont aujourd’hui dans l’œil du cyclone.

Une telle performance des actions américaines peut-elle se poursuivre ?

Le rallye est effectivement spectaculaire mais il s’appuie sur des fondamentaux solides : une croissance économique qui ralentit finalement peu et des publications de résultats à la hauteur des attentes. Certes, les valorisations sont supérieures à leur moyenne historique, mais c’est essentiellement le fait d’une poignée de valeurs technologiques, les « 7 magnifiques ». Le principal risque est celui d’une reprise de l’inflation, sous l’effet des hausses de tarifs douaniers – qui vont renchérir les importations – et des expulsions de migrants – qui vont réduire la main d’œuvre bon marché – promises par Donald Trump. Ce risque pourrait toutefois se révéler moins fort qu’attendu si les mesures annoncées sont édulcorées. Le premier mandat de Donald Trump n’avait finalement pas été très inflationniste. Surtout, ce risque ne se matérialisera pas avant sa prise de fonction en janvier. Les marchés américains, qui poursuivent généralement en décembre leur tendance de l’année, devraient donc finir sur une note très positive.

Interview de Mary-Sol Michel, directrice de la gestion sous mandat de Swiss Life Gestion Privée. Achevé de rédiger le 6 décembre 2024.

Document non contractuel. Les avis et opinions ici exprimés sont ceux de Swiss Life Gestion Privée à la date de diffusion et sont susceptibles d’évoluer dans le temps. Ils ne constituent pas une recommandation ou un conseil en investissement. Nous rappelons que les investissements sur les marchés financiers représentent des risques pouvant entrainer des pertes financières. 

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