Découvrez l'interview de Mary-Sol Michel, directrice de la gestion sous mandat chez Swiss Life Gestion Privée.
Après la débâcle de début avril, les marchés boursiers étaient rapidement, repartis à la hausse. Ce mouvement s’est-il poursuivi en mai ?
Ils ont effectivement continué leur rebond, tirés par les États-Unis. L’indice S&P 500 a ainsi progressé de 6,2 % et le Nasdaq de 9,6 %. En Europe, l’Euro Stoxx 50 gagne 4 % et le CAC 40, pénalisé par le secteur du luxe, se contente de 2,1 %. En Chine, la hausse du CSI 300 se limite à 1,8 %, l’essentiel du rebond étant capté par les valeurs technologiques largement présentes dans l’indice de Hong Kong, le Hang Seng, qui gagne
5,3 %. Cette bonne performance des Bourses a été permise par un phénomène théorisé par un journaliste du Financial Times : le TACO, pour Trump Always Chickens Out, ou Trump se dégonfle toujours. En effet, pour le moment, prenant en compte les dégâts causés à Wall Street ou sur le marché obligataire américain, le président américain finit par faire marche arrière sur ses menaces. Cela s’est en particulier illustré le 12 mai par la suspension d’une grande partie de la hausse de droits de douane prévue pour la Chine, le taux étant ramené de 145 % à 50 % pour 90 jours. Cette annonce a dopé les marchés et fait retomber la volatilité.

Ce rebond est-il durable ?
Il est essentiellement technique : le marché avait été survendu au moment des premières annonces douanières. Les Bourses sont désormais au-delà de leur niveau du 2 avril : le S&P 500, en particulier, est 6 % plus haut qu’avant le Liberation day de Donald Trump. Ce mouvement nous paraît trop rapide, car les problèmes n’ont pas été réglés. En matière de guerre commerciale, les reculades du président américain sont davantage assimilables à un cessez-le-feu qu’à un véritable règlement du conflit. Même dans l’hypothèse – optimiste – d’un statu quo des mesures tarifaires, les économistes estiment en outre que la croissance mondiale serait amputée de 0,2 % à 0,3 % en 2025, et que l’inflation progresserait de 0,2 %
à 0,3 %, surtout aux États-Unis. Enfin, le vote par le Congrès du budget américain – la « belle et grande loi fiscale » (« Big Beautiful Bill »), selon les termes de Donald Trump – est incertain, ce qui a conduit à une augmentation du taux souverain à 10 ans américain. Ce dernier se trouvait fin mai à 4,40 %, contre 2,50 % pour l’Allemagne. L’écart entre les deux rives de l’Atlantique se retrouve aussi sur les taux à court terme : alors que, du fait des perspectives de reprise de l’inflation, la Fed n’a pas pu baisser ses taux en mai, la BCE l’a fait jeudi dernier pour la huitième fois, confortée par une inflation sous-jacente de plus en plus proche des 2 %. La prudence est donc de mise quant à une poursuite de la hausse des marchés à court terme. En outre, la saisonnalité est traditionnellement moins favorable au cours des mois d’été, les marchés marquant souvent une pause, avant de repartir en fin d’année.
Le rebond des valeurs technologiues a-t-il été, lui aussi, trop rapide ?
Il est très net en mai, puisque les « sept magnifiques » (Apple, Microsoft, Amazon, Alphabet, Meta, Nvidia et Tesla) ont progressé de 13,8 %. Toutefois, leur valorisation reste très en deçà des points hauts antérieurs : après être tombée à 22 fois les bénéfices début avril, la valorisation des techs américaines est remontée à 25 fois, mais sans retrouver le niveau de 30 fois atteint en début d’année. Le secteur est en outre peu touché par la guerre commerciale à ce stade, l’Union européenne préférant conserver l’arme des droits de douane comme monnaie d’échange dans sa négociation avec Donald Trump. Les résultats de ces entreprises sont d’ailleurs solides, avec une hausse attendue des bénéfices de 19 % pour 2025, après 20 % en 2024.
Interview de Mary-Sol Michel, directrice de la gestion sous mandat de Swiss Life Gestion Privée. Achevé de rédiger le 9 juin 2025.
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