Découvrez l'interview de Serge Pizem, directeur général de Swiss Life Gestion Privée.

Après une année 2024 très porteuse pour la Bourse américaine, comment les marchés financiers mondiaux ont-ils évolué en janvier ?

Le mois a été marqué par un très beau rebond des marchés européens : l’Euro Stoxx 50 a progressé de 8 %, le Dax de 9,2 % et le Cac 40 de 7,7 %. Sur la même période, le S&P 500 s’est contenté de 2,7 % et le Nasdaq de 1,6 %. Le Dow Jones s’est distingué avec une hausse de 4,7 %, matérialisant un rebond des valeurs non technologiques. Le secteur de la tech américain – et tout particulièrement celui des semi-conducteurs – a perdu 3,4 % sur le mois, contre une hausse de 14,7 % pour celui de l’acier et de 8 % pour les banques. En Asie, le Nikkei japonais a baissé de 0,8 %, tandis que le CSI 300 chinois effaçait 3 %. Un rebond des valeurs technologiques chinoises est toutefois à l’œuvre depuis début février.

Comment expliquez-vous cette sous-performance des actions américaines ?

Rappelons en premier lieu que 2024 a été une année exceptionnelle pour les Etats-Unis. Des révisions haussières liée au dynamisme de la consommation n’ont cessé d’améliorer les perspectives de son économie, une croissance impressionnante du S&P 500, tirée par des secteurs clés tels que la technologie et la santé, et une dynamique porteuse pour l'avenir. Effectivement en janvier, les premiers décrets promulgués par Donald Trump, et en particulier les ultimatums en matière de tarifs douaniers visant des Etats « amis » que sont le Canada et le Mexique, ont jeté un froid. Les convictions des marchés ont également été ébranlées par l’arrivée de l’intelligence artificielle générative du Chinois Deepseek, car elle remet en question les investissements massifs réalisés dans les infrastructures technologiques américaines. Avec l’émergence d’une IA chinoise moins gourmande en ressources, il pourrait ainsi s’avérer plus pertinent de miser, non pas sur les semi-conducteurs haut de gamme comme ceux de Nvidia (les « pelles et les pioches »), mais directement sur les applications développées grâce à l’IA, comme les solutions de gestion proposées par Salesforce ou celles de conseils en technologie d’Accenture.

Dans le même temps, les marchés européens ont au contraire bénéficié de bonnes surprises, à commencer par le vote du budget français. Les publications des entreprises européennes ont également été de très bonne qualité, qu’il s’agisse de BNP Paribas, Société Générale, Dassault Systèmes, Publicis et Vinci en France, mais aussi SAP et Deutsche Telekom en Allemagne ou encore de certaines valeurs du luxe comme Richemont et Burberry.

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Aux Etats-Unis, les convictions des marchés ont également été ébranlées par l’arrivée de l’intelligence artificielle générative du Chinois Deepseek.

Que disent les fondamentaux macroéconomiques des deux rives de l’Atlantique ?

Aux Etats-Unis, la croissance reste puissante et bien orientée. Avec la politique de relance de Donald Trump, l’inflation pourrait toutefois repartir à la hausse. Ce n’est pour l’instant pas le cas, mais il faut rester vigilant. C’est pour cela que la Fed n’a pas été en mesure de réduire dernièrement ses taux directeurs, à la différence de la BCE. Sur fond de stabilisation du climat des affaires, cette dernière a procédé fin janvier à sa cinquième baisse de taux. Le marché en anticipe encore quatre autres à terme. Ce sont des facteurs de soutien pour les Bourses européennes, fortement décotées, et ce rebond pourrait se poursuivre dans les mois à venir. D’autant que l’environnement géopolitique pourrait s’éclaircir en Europe, avec les élections allemandes fin février et les espoirs d’une paix en Ukraine.

Faut-il redouter l’imprévisibilité de la politique de Donald Trump ?

A l’occasion de son premier mandat, il n’a commis aucune erreur économique majeure. Il est capable de rectifier le tir quand la Bourse connaît des ratés, comme il l’a montré en suspendant les hausses tarifaires annoncées pour le Canada et le Mexique. La nomination de Scott Bessent comme secrétaire au Trésor rassure les marchés, qui applaudissent aussi les économies drastiques qu’Elon Musk fait subir au budget fédéral. Ainsi, le taux à 10 ans américain s’est réduit de 11 points de base depuis le début d’année. Au final, le marché semble s’accommoder de la Trumpolitik, en tout cas pour le moment ! 

Interview de Serge Pizem, directeur de Swiss Life Gestion Privée. Achevé de rédiger le 11 février 2025.

Document non contractuel. Les avis et opinions ici exprimés sont ceux de Swiss Life Gestion Privée à la date de diffusion et sont susceptibles d’évoluer dans le temps. Ils ne constituent pas une recommandation ou un conseil en investissement. Nous rappelons que les investissements sur les marchés financiers représentent des risques pouvant entrainer des pertes financières. 

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